vendredi 7 mars 2014

R.T.T

C'est étonnant comme les certitudes peuvent se bouleverser en quelques secondes. Ce devait etre à coup sûr une journée longue mais lassante. Prenez un clash banal avec un manager, influencé par une démission dans un fast-food moyen de province, et la journée devient plus courte et plus complexe.

Quick Part-Dieu, fini. La peur des souris dans les bacs, terminé. Les huit-gros-moitié, oublie. Et bizarrement, avant ce dimanche soir pourri, j'étais presque triste d'en finir avec ces quatorze mois de décrépitude sociale et physique. Suffit pour justifier les derniers termes pompeux, de voir que j'ai pris quelques kilos et que je ne me suis jamais senti aussi bête en un an.

Parce qu'à la base, j'y ai rencontré quoi, qui ? Des gens qui s'estiment plus intelligents que les autres parce qu'ils commencent leurs phrases par "je veux que" ? C'est vrai qu'on a tout de suite l'air plus sûr de soi. En tout cas on a l'air imposant face à des clients, personnes qui, faut-il le rappeler au passage, vivent quant à eux dans un monde où toutes les portes sont ouvertes et où le simple fait de pousser un bouton avant d'ouvrir une porte leur parait impossible.
Des curiosités de la nature en tout genre. Et là, étrangement, je devrais pousser l'orthographe en écrivant "curiositées" de la nature, tant les jeunes femmes que j'y ai vu m'ont intrigué. J'ai longtemps cherché à comprendre d'où venaient tant d'expressions batraciennes dans le regard de ces filles : est-ce le fait de manipuler de l'argent qui influence leur caractère vénal inhérent, et ce tous les jours ? Probablement, en tout cas je me suis résolu à le penser.

J'en fais un peu ! Evidemment, je viens de planter l'équipe en plein rush sous le coup de la colère, relisez le haut de l'article, bande de nuls...

Je m'engage à présent dans quelque chose que je ne maîtrise absolument pas. Là, il ne s'agit pas d'élever la voix pour montrer qu'on assure mieux que les autres dans la confection des Quick'n'Toast. Etre VRP, c'est Vraiment Récolter le Pognon. Surtout chez Ranger. Si je veux en avoir, il faudra que je me donne à 100 % en permanence. Issam, mon manager, m'a donné un exemple probant vendredi. Les clients que je vais voir sont tous des bouleversés ! Ils sont en train de manger, de dormir, de discuter, lorsque tout à coup, un homme en costume vient frapper à leur porte ! Et le bouleversement n'aime pas l'hésitation, n'aime pas le flou. Il veut de la poigne, de la confiance en soi, tout ça compris dans le pack à 29.95€.

Et en ce dimanche soir, j'écoute, une fois de plus, Katie Melua chanter. Elle reprend une chanson de Jeff Buckley : Lilac Wine. Elle chante qu'elle s'est perdue dans une nuit fraîche et humide, qu'elle était hypnotisée par une grande joie étrange. Je souris, partageant sa joie. Elle descend dans les graves, les larmes me montent aux yeux. Elle se confesse, derrière le piano : "quand je pense plus que je ne veux penser, je fais des choses que je ne devrais jamais faire. Je bois beaucoup plus que je ne devrais boire parce que ça me ramène près de toi." Et moi de lui répondre par la pensée : chante, chante encore, ne t'arrête surtout pas de chanter, et buvons ensemble ce vin fait à partir de lilas, qui s'il est doux et capiteux, nous rend malgré tout instable au point de vouloir tout quitter.

Quitter le coeur gros cette poignée de personnes qui, à leur échelle, ont reconsidéré une partie de l'opinion que je me faisais de la société : incarnations du positif (pour la périphrase, elle se reconnaîtra, enfin si elle écoute son répondeur) ou lieux vivants d'énergie affective (même parenthèse), certains d'entre vous m'ont marqué par leur caractère, leur façon d'être. J'imagine que dans un an, je vous aurais pour la plupart oublié, mais le futiliste se croit important parce qu'il voit le bout de son nez, alors je vais envoyer les compliments par ordre d'apparition à l'esprit.

YPBM. Je m'en suis toujours voulu de ne pas extérioriser plus que ça, statut de manager oblige, le respect que tu m'inspires. Ce que je t'ai dit en te quittant est sincère : tu cultives le paradoxe comme j'ai toujours voulu le faire, mélant cette fausse image de langue de pute que d'autres langues de pute t'attribuent (en tout cas, moi j'ai marché) et une franchise bien ciblée. Même pour un homo, c'est pas mal ! (Pour te copier, à cet endroit je mettrais : Rires !)

CR. Le vouvoiement imposé par le contexte en devient presque absurde après les galères qu'on a traversées. Qui va me réveiller à 6h du matin par un "bonjour !" qui redynamiserait un troupeau de personnes âgées dopées au Xanax ? Franchement, vous devriez bosser dans l'animation, vous y avez votre place !

Caro. Et non pas Caroline ! Mais plus jamais je ne t'ai appelée comme ça, tant le côté exotique du diminutif te va à ravir, comme s'il t'estampillait le côté brésilien que tu possèdes dans tes origines. Quelqu'un de complexe, qui peut en une heure être irrésistiblement insupportable et insupportablement irrésistible. Enfin, je t'apprécie beaucoup, quoi. Pas besoin d'en dire plus.

Dina. Je remercie la faculté de Lyon I pour avoir fait que tu habites à côté de chez moi, sinon je n'aurais jamais eu l'idée de te raccompagner, et de te connaître ! Reste la même, surtout, pétillante et vénéneuse en même temps : je n'aime pas les filles gentilles de toute façon!

Le couple Boucamus. Franchement, vous déchirez. Tous les deux. Et les mecs géniaux se marient un beau jour avec les nanas géniales, c'est comme ça que le monde devrait fonctionner. Longue vie au petit Camuy ou à la petite Akané et à vous les futurs parents!

Maëlle. Peut-être une vraie chance d'amitié durable. En tout cas j'y crois à mort. Le fait que je me sente mal si je ne t'ai pas appelé de la semaine me le montre bien. Tu es la plus jeune amie que j'ai, mais malgré ça j'ai plein de choses à te dire... Fais fi des conversations de salon et fonce ! Surtout, fonce. Tu n'as pas de temps à perdre avec certaines personnes. Je me comprends...

Et tous ceux que j'ai pris dans mes bras parce que même si je ne pourrais leur passer de la pommade pendant quatre ou cinq lignes, à leur manière ils ont rendu ces quelques mois plus agréables :

Siham, Emeline, Tatiana, Lauren, Joey, Gauthier (j'aurais bien voulu mais je me suis barré avant...), Estelle, Aurore, Delphine, Aurélie, Doriane...

Je ne vous oublierai jamais ! Je pense qu'il y a deux cons sur trois personnes, bonne nouvelles, vous êtes tous des troisièmes personnes !

MERCI A TOUS.

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